credit photo @flaviemaintier

Rencontre avec Muriel Brunier, scénariste et réalisatrice

Une artiste passionnée

Scénariste et réalisatrice, Muriel Brunier fait une entrée remarquée au théâtre avec « La Chaleur », sa première mise en scène, adaptée du roman de Victor Jestin. Nourrie depuis l’enfance par une passion vibrante pour le théâtre, elle nous livre ici une interview sincère et engagée sur ce nouvel espace d’expression.

Quelle place occupe le théâtre dans ta vie aujourd’hui ?

Je suis vraiment heureuse de cette première mise en scène au théâtre -même si mon métier premier est réalisatrice et scénariste de films de fiction- c’est un art que j’aime particulièrement depuis que je suis enfant, grâce à ma famille qui m’emmenait souvent découvrir tous types de spectacles: les classiques ( Phèdre ou Ménagerie de Verre à la Comédie Française), le théâtre de boulevard comique dans les petites salles parisiennes, Cyrano de Bergerac avec Robert Hossein, ou même des opéras… Tous m’ont marqué, fait rire ou intriguer. Je suis toujours émue des émotions et possibilités artistiques qui surgissent avec au final au départ un plancher en bois et des sièges pour le public. J’aimerais beaucoup continuer mon travail à la fois au cinéma mais aussi au théâtre, j’ai toujours pensé qu’il fallait explorer tous types d’art (poésie, danse, sculpture…) pour se nourrir et partager ses convictions et ses visions. J’aime beaucoup aussi l’esprit « compagnie », se retrouver ensemble dans les loges avant le spectacle, aider à monter le décor, faire le point avec la régie, motiver les comédiens, les rituels avant de monter sur scène… Un esprit familial et artisanal qui me touche. Avez-vous remarqué que les salles de théâtre ont souvent une âme particulière?
Donc oui le théâtre occupe une part belle dans ma vie aujourd’hui !

La Chaleur est ta première mise en scène. Pourquoi avoir choisi ce roman de Victor Jestin ?

J’ai eu un vrai coup de cœur pour ce jeune auteur et son premier roman La Chaleur. Je suis toujours attirée et curieuse par les « Premiers Romans » des auteurs, prémisse de nouveaux talents d’écriture et de nouveaux univers. Quand j’ai aperçu ce livre en librairie, tout m’a attiré : le titre, le résumé, les premières lignes… L’histoire de cet adolescent bouleversé par ses premiers émois dans ce camping des Landes un été brûlant faisait étrangement écho à mon univers cinématographique, à mes personnages souvent solitaires, confrontés à des éléments de décors naturels forts. La plume de Victor Jestin est singulière et très poétique. J’ai pu ensuite avoir la chance de faire sa connaissance et je le remercie particulièrement ainsi que les Éditions Flammarion pour leur totale confiance dans mon adaptation du roman en pièce de théâtre.

Le personnage principal est un adolescent. Qu’est-ce qui t'as touchée dans ce personnage ?

Léonard est un adolescent confronté au passage au monde adulte, à ses premiers désirs, ses premiers émois, ses fêlures. Il a une grande conscience de ce qui se déroule autour de lui mais a du mal à percevoir ses chamboulements intérieurs. Ce personnage me touche par sa sensibilité, son naturel, sa force, ses hésitations, ses mystères… Il est à la fois étranger au monde qui l’entoure et à la fois en totale conscience de ce qui se trame autour de lui, cela me fascine.

Quelle liberté t’es tu autorisée par rapport au roman ?

J’ai développé certains personnages comme celui de Claire, la maman d’Oscar qui me semblait essentiel, ou la présence du haut-parleur qui hurle les injonctions au bonheur du camping. J’ai oublié certains personnages comme le chien, le frère et la soeur de Léonard. J’ai surtout modifié le caractère du lapin en lui apportant un côté plus obscur, à la Donnie Darko. Je me suis amusée en jouant avec les codes du théâtre contemporain. Toute mon équipe artistique sur La Chaleur (scénographie, lumières, son …) a travaillé avec moi sur mes films, un joli défi collectif ! J’en profite pour saluer leur talent.

Quelles émotions cherches-tu à faire passer sur scène ?

J’aimerais que le spectateur se souvienne de ses vacances au bord de mer, se pose des questions sur ce qui se jouent entre les personnages, se laissent aussi porter par la poésie de la pièce…

Tu parles souvent de ton "regard féminin et engagé" . Comment cela se traduit-il dans ta mise en scène ?

Je propose un triangle dramatique avec mes 3 personnages principaux : Arthur dans le rôle de Léonard explore sa part de sensibilité au delà du cliché de l’adolescent, Marie dans le rôle de Luce incarne littéralement le désir féminin et Antoine dans le rôle du lapin travaille sur la conscience et la part d’enfance du personnage principal, un choix engagé car il questionne notre part d’être souvent caché et oublié. J’en profite également pour saluer leur engagement et leur talent également.

Y a-t-il une œuvre (film, roman...) qui t'accompagne depuis longtemps et qui t'inspire encore aujourd’hui ?

Question difficile ! En effet, plusieurs œuvres m’accompagnent depuis longtemps et hante mes désirs et inspirations artistiques!
Je vais choisir un film d’une grande réalisatrice contemporaine: Virgin Suicides de Sofia Coppola. En effet son cinéma onirique, tragique, nébuleux m’inspire beaucoup, particulièrement ce film à la beauté renversante, à la narration subtile incarne très bien le point de vue féministe de la réalistrice. Je me rends compte que ce film évoque l’adolescence également ! On reste dans les thèmes de fragilité et des possibles.
Sofia est l’incarnation pour moi de la femme Enjoyeuse !

Quelle serait la prochaine histoire que tu aimerais raconter sur scène ?

Je rêve secrètement de mettre en scène un grand classique: Roméo et Juliette !
J’ai déjà des idées de scénographie et de casting !

Enfin, comment définirais-tu la femme ENJOYEUSE ?

Une femme engagée , libre, heureuse, en pleine conscience !

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